Vingt-trois ans. Aujourd’hui j’ai vingt-trois ans et en guise de cadeaux d’anniversaire j’obtiens un rendez-vous chez le psy. Une idée de ma mère bien évidemment, qui d’autre aurait pu avoir une idée aussi conne si ce n’est pas ma Barbie maternelle ? De toute façon il n’y a qu’elle pour avoir ce genre d’idées cadeau, mais quelle merde avoue-le mec. J’aurais voulu une nouvelle batterie, mais non c’était trop beau pour être vrai. « Avec ton père nous avons pensé que pour ton bien-être il fallait que tu fasses un point sur ta vie. » Ne met pas papa dans le même sac. Voyons maman, on sait tous que tu as lu ça dans un de tes magazines de stars à un dollar chez le marchand le plus proche. J’aurais eu envie de protester, de crier à quel point elle était dépourvue de la moindre parcelle d’intelligence, à quel point je la détestais et surtout, surtout, à quel point elle me faisait chier. Mais je n’ai pas joué les rebelles, mon père m’en a dissuadé avec des arguments potables. « Aujourd’hui tu as vingt-trois ans, grandis et évite à ta mère une nouvelle crise qui nous coutera à tous nos nerfs solides. » Et oui mon pote, après plusieurs années de vie commune, mon père aussi en avait assez des caprices incessants de ma mère et de ses idées toujours plus folles et toujours plus chères. On avait beau avoir de l’argent, le gaspiller par la fenêtre n’était pas bien vue. Donc je n’avais malheureusement pas le choix, je devais prendre sur moi et consulter le Dr. Jackson. D’ailleurs, c’est avec grand courage que je pousse la porte de l’immeuble dans lequel résidait le bureau du psy. L’ascenseur étant en panne, je fus dans l’obligation de prendre les escaliers jusqu’au quatrième étage. Décidément la chance n’était pas de mon côté, aurais-je mal agit ? Mon charma me ferait-il payer mon caractère difficile et ma personnalité de don juan ? Je ne saurais te le dire mais ce qui est sûr c’est que ce n’était pas forcément mon jour. Poussant une première porte en bois massif je prends place dans la salle d’attente où résident déjà quelques personnes qui, non pas à mon plus grand étonnement, n’ont pas l’air très clairs. « Avant j’étais schizophrène, aujourd’hui nous allons mieux grâce au docteur Jackson. » Je fus surpris et, à la limite, légèrement effrayé par cet homme trapu d’une cinquantaine d’années. J’esquisse un sourire, mal à l’aise, puis j’entends mon nom. Sauvé par la vieille. « Le docteur vous attends dans son bureau. » Je n’adresse aucune parole à la petite vielle, je trace, ingrat et malpoli, fidèle à moi-même quoi. Pas besoin de plan, ce n’est pas très grand et la plaque cuivrée ‘ Dr. Jackson ‘ m’est d’une grande aide. Je frappe deux coups et j’entre, je m’impose en d’autres termes. Je m’attendais à un vieux monsieur et à la place je vois un magnifique spécimen âgé de trente ans environ. Une femme raffinée d’une grande splendeur à ma plus grande surprise. « Asseyez-vous monsieur Wolfgang. » J’arque un sourcil, je suis limite vexé qu’elle me nomme par mon nom de famille. « Darko, ça ira plus vite. » Autant créer dès affinités des maintenant non ? « Très bien Darko. Parlez-moi de votre enfance. » Je rigole, aurait-elle en plus de l’humour ? A vrai dire je ne pense pas qu’elle le fasse exprès. « Et pour vous dire quoi ? » C’est vrai, je n’avais rien de particulier à raconter sur mon enfance. Elle était loin d’être extraordinaire, voir même banale. Non, elle était vraiment très banale. J’allais à l’école, je mangeais, je jouais, je dormais et ainsi reprenait mon train-train quotidien de petit écolier. Ca n’a jamais vraiment évolué jusqu’à mon adolescence, jusqu’à mon entrée au collège, dans ce que je pensais être la cour des grands. En vérité c’était la cour des crétins pubères. « Je suis curieuse. » Mythomane par-dessus le marché ? « Et bien gardez votre curiosité, je n’ai rien à dire sur ce que j’ai vécu étant enfant. Ne pensez pas que j’ai un lourd secret, c’est simplement que j’ai eu une enfance des plus normales. » Je pensais qu’elle allait s’en tenir là, mais non le calvaire devait continuer jusqu’au bout histoire de la faire jubiler. « Alors racontez-moi votre adolescence. » Sincèrement, elle croit que je vais lui déballer mon adolescence tumultueuse alors que je ferme ma gueule sur un brin de mon enfance ? « Au risque de vous décevoir, je n’ai rien à dire non plus sur mon adolescence. » Mon adolescence…j’ai bravé beaucoup d’interdit, j’ai très souvent fait le con et je voyais mon meilleur pote en cachette vu que ses vieux ne pouvaient même pas me voir en photo. Ils disaient que j’étais une mauvaise fréquentation, mais ils ne savaient sans doute pas que leur fils était pareil que moi, voir peut-être pire dans certains cas. Je m’envoyais en l’air avec tout le monde, même avec les profs. J’ai eu une expérience homosexuelle, c’est là que j’ai su que j’étais hétéro à fond les bananes. Pas moyen de me faire changer d’avis, rien ne vaut une paire de seins et un string en dentelle. « J’ai beaucoup de mal à vous cerner, vous êtes quelqu’un de très difficile. » Comme si je ne le savais pas, depuis le temps qu’on me le rabâche je pense assez bien savoir que je suis une personne difficile, en plus je me connais mieux que personne, du moins c’est ce que je pense. « On me le dit souvent, vous voyez, vous n’êtes pas si mauvaise que ça. » Elle me fusille du regard et tire sur les bords de sa jupe droite, jupe que j’ai très envie de déchirer pour découvrir quel sous-vêtement elle a enfilé. Culotte sage ou string sauvage ? Tu dois penser que je suis un gros pervers et tu as totalement raison. Bien sûr, je ne suis pas le genre psychopathe, mais le sexe c’est aussi bien que la fumette. « Bien, de quoi pourrais-je parler avec vous dans ce cas ? » Je la fixe, puis je la déshabille du regard dans toute son intégralité. Putain qu’elle est bonne. « Qui vous dis que je dois forcément parler pour aller mieux ? » Baiser une psy c’est une des meilleures expériences de ma vie. Quand je suis rentré et que ma mère m’a demandé comment ça s’était passé, j’ai répondu que je me sentais beaucoup mieux.