« Qu’est-ce que je t’ai déjà dit? »
Silence. Une jeune gamine se tenait en face de moi, un sourire moqueur sur les lèvres, faisant mine de ne rien comprendre à ce que je racontais. Mais je savais, je la connaisais par cœur.
« Interdiction de venir dans ma chambre. Va-t-il falloir que je la verrouille à double-tour? »
La jeune fille riait aux éclats, s'amusant à tout détruire sur son passage. Je levai la tête au plafond, en signe de profond agacement. Je n'en pouvais plus
« MAMAAAAAAAAAAAAAN »
criais-je donc en direction de la porte. Ma soeur me toisa un instant avant de déguerpir en courant en me lançant un bref
« Je t'emmerde frérot! »
Elle n'avait seulement que six ans et moi j'en avais 10. À cet âge, j'avais besoin de mon propre espace et allez donc savoir pourquoi, elle venait toujours tout foutre en l'air. À croire qu'elle était née rien que pour m'embêter sans arrêt. Ma soeur, Kaitlyn, a toujours été une véritable plaie, un fardeau , une aberration à mon rythme de vie autrefois si paisible. Mais en cherchant bien la vérité, je savais qu'elle souffrait...Qu'elle souffrait terriblement. Et je savais exactement d'où provenait toute cette "mauvaise énergie". Après tout, il fallait vraiment être stupide pour ne pas comprendre..Vraiment.

« Maman, papa! »
s'était écriée ma soeur en arrivant des cours, ma personne la suivant de près.
« J'ai récolté un A en anglais! un A- »
Mes parents souriaient, mais même moi je pus voir que ce sourire était teinté de mensonges. En réalité, je crois qu'ils se fichaient vraiment des exploits de ma soeur et j'avoue que je n'ai jamais vraiment compris pourquoi. J'avais parfaitement conscience de faire de l'ombre à ma soeur cadette, mais je ne pouvais concevoir que mes parents puissent me préférer à elle. Elle qui était pourtant bien plus brillante que moi.Car s'il y avait bien une chose dans laquelle je n'excellais pas, c'était bien les réussites scolaires. Mes parents, cependant, trouvaient toujours le moyen de se réjouir d'un banal B- , voir même un C dans certains cas. Il était donc évident que j'avais du mal à assimiler le fait qu'ils mettent véritablement Kaitlyn de côté, pour me féliciter moi et que moi...Et ceci n'est qu'un illustre exemple parmi tant d'autres. Au fils du temps et des années, un énorme ravin s'est creusé entre ma soeur et moi. Elle se faisait de plus en plus agaçante, énervante, délinquante. Oh bien sûr, je ne me suis jamais considéré comme un ange non plus , mais parfois, il lui arrivait de dépasser les bornes. Parfois elle était totalement incontrôlable. Et ça l'amusait, ça l'amusait de me voir enragé lorsqu'elle faisait les pires coups.Fort heureusement, entre les bêtises de ma soeur, et ma vie monotone, j'avais su trouver un peu de réconfort en Jude, mais ça c'est une autre partie de mon histoire, qui mérite qu'on s'y attarde un peu plus...

Nevaeh Jude Harrisson, petite brune, au caractère de chien, mais surtout au coeur d'or. Je ne peux expliquer tout le bien qu'elle a semé dans ma vie, ni décrire ce qu'elle est pour moi simplement parce que je ne saurais pas donner les mots justes pour la valoriser. Jude est ma meilleure amie depuis le bac à sable et avec elle , toutes les folies sont permises. Mais la vérité , c'était qu'elle a toujours été tout pour moi et qu'encore aujourd'hui, même après toutes ces merdes que j'ai dans la tête, je sais qu'elle sera toujours une partie intégrale de ma vie. Un peu comme le soleil et la terre, magnétisés pour l'éternité. D'aussi loin que je me souvienne, elle a toujours été la plus aventurière de nous deux, la plus joyeuse aussi. Elle avait un de ces dons, unique, de me faire rigoler à en perdre la tête quand je filais un mauvais coton.C'était avec elle que je conservais les meilleurs souvenirs de ma vie. En fait, ELLE était mes seuls souvenirs. Outre ceux que j'ai passé avec Brian...ou Nathanael.[....]Il était dix-huit heure et en ce jour d'été typique, nous commencions à implorer un vent de fraicheur. J'étais au volant de ma bagnole adorée et je fredonnais un air des Beatles. Cet été-là j'avais dix-huit ans et je venais tout juste d'obtenir mon permis.. et du même coup ma liberté. C'était divin, c'était unique. Je pouvais enfin faire ce que je voulais, quand je le voulais. Je vivais depuis deux petites semaine, dans un monde " no limit " dans lequel je me plaisais si bien. 18 ans .. sans doute la plus belle année de ma vie. Ce fut mémorable, et l'année où j'ai enfin obtenu ma majorité restera gravée à tout jamais dans ma mémoire. Ce fut l'année où je pris mon tout premier appartement, somme toute modeste, mais confortable, douillet, et surtout sans ma mère sur le dos, sans ma peste de soeur pour m'emmerder, sans me demander où serait mon père ce jour-là. C'était la liberté sans artifices et je pouvais enfin respirer.

« Alors c’est ça, ton appartement de rêve,hmm ? » m'avait lancé Jude, mains dans les poches, fixant la moisissure dans un des coins du mur adjacent. Je souriais « C'est pas le grand luxe, mais au moins je ne vis plus chez mes parents, moi !» Elle me colla une claque sur l'épaule, comme elle le faisait toujours quand elle sentait concernée dans mes propos « Je suis pas encore majeure, donc ferme-la, grande asperge» Je fis mine d'être vexé. C'était toujours ainsi entre elle et moi. Les blagues tordues, les insultes camouflées, l'une n'attendait jamais l'autre, et c'était ce que j'aimais d'elle, de nous. Je pouvais être moi-même, sans avoir à me forcer, à prétendre que je suis quelqu'un d'autre. « N'empêche que c'est mon chez moi désormais...» murmurais-je doucement en la regardant droit dans les yeux. « Et ça te fera bien un endroit de plus pour t'évader des griffes de ta méchante mère que j'adore tant..» dis-je en pouffant de rire un bref instant. Ouais, définitivement, cette année-là avait été un point marquant de ma vie. Des évènements heureux, des amis, quelque bières, quelques fêtes.. je ne pouvais demander mieux. Enfin, ne dit-on pas qu'en vivant au présent l'on ne peut prédire l'avenir?

Je crois que ça s'est passé un soir de mai, pardonnez-moi, c'est encore un peu flou dans ma tête.. et et.. je m'apprêtais à sortir de mon appartement bordélique pour me rendre en boite avec des amis, comme je le faisais toujours le vendredi soir d'ailleurs. Notre lieu de rencontre n'était jamais le même. Brian, Nath' et moi changions de boite toutes les semaines, pour éviter qu'on s'y lasse.Brisbane avait beau être une belle métropole, mais il n'y avait pas suffisamment de boites, de tavernes ou de bars pour qu'on y passe tout notre temps. Alors pour ne pas s'y lasser, on changeait toutes les semaines.Ainsi donc, j'avais reçu un texto m'indiquant le lieu et l'heure de notre rendez-vous entre copains.On allait fréquenter le Family club, un de mes clubs préférés, un géant de l'endroit.Mais la ponctualité et moi, ça faisait bien d'eux et allez donc savoir pourquoi, j'avais réussi à être en retard, gravement en retard même. Cette fois, cependant, j'avais une bonne raison de l'être.. C'est en me rendant à ma précieuse voiture que je la rencontrai, ELLE.Beaucoup trop pressé à rejoindre mon bolide, je n'avais pas vu que je fonçais tout droit sur une jolie demoiselle et la collision se fit brutale. Mon trousseau de clé fut renversé, son sac à main et tout son contenu étalé par terre. Je m'excusai rapidement en l'aidant à tout ramasser.Et quand je daignai enfin lever mes yeux sur elle, je m'avais cru dans la plus grande comédie romantique de l'heure.Kirsty, elle s'appelait Kirsty, et sa beauté était si unique qu'elle en étant renversante. « Erf.. désolé, je regardais pas vraiment droit devant..» dis-je en haussant les épaules d'un air décontracté « Pour me faire pardonner, je te paie un verre..» J'attendis ce qui me parut l'éternité avant qu'elle ne daigne m'accorder une brève réponse « Ça marche..» je la fis donc monter dans ma voiture et nous étions en route vers la boite de nuit la plus branchée de la métropole. À l'entrée, trois personnes m'attendaient comme le messie personnifié. Brian, mon meilleur ami, Nathanaël mon autre bon copain et.. Jude. Je ne saurais décrire la mine qu'elle faisait en me voyant débarquer avec l'écossaise, mais ça ne présageait rien de bon. Une soirée mémorable, parmi tant d'autres, eut lieu ce jour là. Et à sa toute fin,je pus même arracher un baiser à cette douce inconnue, pour finir par la suivre jusque dans son lit où nous nous consumions d'une passion dévorante.

Notre relation hors-norme perdura une année durant. Une année complètement folle dans laquelle je me sentais tout à fait heureux et épanoui. Enfin jusqu'à ce que je ne décide de la demander en mariage. Et qu'elle ne brise mon coeur pour l'éternité.Quel con! J'aurais dû le savoir, le sentir.. Elle n'était prête, nous étions trop jeunes, trop naïfs pour s'engager définitivement. J'aurais dû comprendre, à l'instar d'avoir agi en pur égoïste mais les choses étaient telles qu'elles le sont encore aujourd'hui, inchangeables , impardonnables. « Lukà, non.. je.. je ne peux pas..» C'était les seules paroles qui me revenaient en boucle, une boucle interminable, abominable qui m'empêchait de respirer, de vivre ma vie. Je ne vous dirai pas ô combien j'ai été malheureux lorsque cette histoire se termina d'elle-même,mais j'avais une maigre consolation quand Jude était à mes côtés, et apaisait mes souffrances. Maigre consolation car j'en avais un peu marre de collectionner les échecs un par un, sans ne jamais obtenir une satisfaction quelconque. Comme on dit, j'étais perdant du tout au tout, ne restait-il qu'accepter ce fait. Mais la vie n'avait pas terminé de me surprendre, de me poignarder, de me faire saigner.. J'avais encore tant à apprendre, à goûter, à vivre..

22 ANS. L'esprit torturé, le corps maltraité. 22 années de vie à faire ce que bon me semblait, à vivre de mes erreurs de parcours.22 ans à me demander si , au final, j'étais amoureux de ma meilleure amie. Si au final, j'aurai enfin l'espoir de vivre quelque chose qui ne se terminera jamais, quelque chose qui me rendrai gai pour le restant de mes jours. La mort de mon père, deux années auparavant, ne semblait pas vraiment m'avoir affecté mais je peux dire, et ce avec certitude que son absence me manque péniblement. Il avait beau être absent, ne vivre que pour le boulot, je l'aimais je l'aimais...22 ans, l'année de ma descente aux enfers, le tournant de ma vie, l'apogée de mes souffrances, la touche qui manquait à ma déchéance. C'était une soirée comme les autres, passée avec mes meilleurs amis, ceux qui ne lâcheront jamais. L'éternel quatuor de folie que nous étions arrivaient en boite. C'était une soirée banale, on avait fait la fête, nous avions levé le coude, nous avions dansé, ris aux éclats , brisé quelques verres. Nous étions ivres, ivres d'une jeunesse immortelle qui n'en tenait qu'à nous. Jude était magnifique ce soir-là et si je ne me serais pas contenu, je l'aurais embrassé. Quelques regards échangés, nos mains qui se frôlent dans un délicat mouvement, elle n'avait pas idée de ce qu'elle pouvait me faire ressentir.Ce petit bout de femme était mon âme soeur, celle qui m'était destiné, j'en avais une conviction aveugle. Mais s'il y avait bien une chose que je ne désirais absolument pas, c'était de la perdre au nom d'une éventuelle amourette qui ne durerait qu'un certain temps.Notre solide amitié, qui perdurait depuis plus de quinze années, était une priorité absolue.

Il devait bien être trois heures du matin quand nous nous décidâmes enfin à partir vers nos demeures respectives. Une fine main m'arrêta.« Lukà, tu ne devrais pas conduire dans cet état. Si tu veux je te raccompagne » J'ai toujours admiré la facilité déconcertante de mon amie à se dessouler quand bon lui semblait. Un mince sourire s'aligna sur mes lèvres et je la regardai droit dans les yeux « Nan ça va aller, je suis impecc'» Elle savait lire en moi, tel un livre ouvert. Elle pouvait flairer à des kilomètres si j'osais lui mentir. Quoique j'aie pu dire... ou faire.Elle semblait me croire. Et sur le coup, ça m'avait plutôt rassuré.Avant d'entrer dans ma bagnole, je glissai un doux baiser sur son front et l'enlaçai tendrement, comme j'avais toujours l'habitude de faire. « Bonne nuit Nevaeh,ne rêve pas trop de moi » murmurais-je en rigolant doucement.Elle croisa les bras autour de son torse avant de me balancer « CRÉTIN! File avant que je t'en colle une » je lui tirai la langue tout juste avant de faire gronder le moteur. Puis ce fut le trou noir. La perte de mémoire la plus totale : j'avais perdu le cours de la soirée, la notion des éléments entourant cette soirée mythique. Je me souvenais seulement des rires de Brian et Nathanaël qui fusaient à l'unisson, sûrement causés par les blagues tordues du deuxième.Je me souvenais seulement d'avoir gueulé sur mon ami pour qu'il arrête de changer les chaines de la radio. Et lorsqu'enfin je me réveillai , je crus vivre à mon pire cauchemar.

J'étais dans une chambre, blanche, fade. Je ne reconnaissais pas les lieux. Il y faisait sombre, noir même. Je n'y voyais rien. Je regardai autour de moi. en proie à une panique certaine. Mais personne. J'étais seul, dans un lit qui n'était pas le mien, à me demander ce que je faisais là, à demander si je ne dormais pas chez un des potes louches de Nath'. J'entendais des voix, des chuchottements, à quelques mètres de la porte. Des voix féminines, au débit rapide. Je tentais de comprendre, d'en connaitre les paroles, mais mes oreilles bourdonnaient encore et encore. C'est précisément à ce moment que je ressentis un puissant mal de crâne. Je me pris la tête à deux mains, en hurlant , me fichant bien du bruit que cela pouvait causer.À peine quelques secondes plus tard, quatre silhouettes se trouvaient au pied de mon lit, et une cinquième se chargea d'allumer l'interrupteur. « Lukà,Lukà» c'était la voix de ma mère, anormalement fatiguée et rauque. « Oh mon dieu, Lukà » c'était Jude, le visage maculé de larmes, un sourire humidifié aux lèvres.Elle tâtait mes joues, comme si j'étais un revenant de l'au-delà, choquée de me voir. Elle poussa ensuite un long et douloureux soupir avant de m'enlacer doucement, avec précaution Je ne comprenais pas.

On m'annonçait plus tard que j'avais été victime d'un terrible accident sur l'autoroute qui menait à mon quartier. Ce même accident datait de deux semaines. Apprendre que j'avais été dans le coma tout ce temps m'avait fait l'effet d'une gifle, mais des nouvelles, encore pires, étaient sur le point de m'éclater au visage. « Et comment vont Brian, et Nathanaël ?» demandais-je à la fois à ma mère, à la fois à ma meilleure amie. Jude poussa un profond sanglot avant de prendre ma main avec fermeté « Nathanaêl va bien, quelques points de suture, sans plus» , dit ma mère, tâchant de garder son calme, même si je pouvais la voir complètement bouleversée.Je clignai des yeux à maintes reprises avant de finalement demander, hésitant « Et brian» Jude pleura à nouveau, lovant sa tête contre ma chemise d'hôpital. « Il.. il ne s'en est pas sorti» mes lèvres se pincèrent, le poids de la souffrance étouffait mon coeur. Ce fut le silence le plus complet dans cette chambre. Mais des larmes, salées et amères, ruisselaient doucement le long de ma joue. Elles eurent la brillante idée de me laisser seul, un petit moment. C'est précisément à ce moment que je tentai de me lever pour foutre le bordel. et c'est en bougeant mes jambes inertes que je poussai un profond hurlement de douleur. Que m'arrivait-il bordel? Pourquoi toutes ces merdes m'arrivaient. Dieu n'aurait pas pu choisir une meilleure victime? Je m'écroulai contre l'oreiller, mes jambes en feu et mon coeur en miettes et j'attendis, j'attendis que la nuit passe que le jour se lève.À l'aube, j'étais d'une sérénité désarmante.

Une semaine plus tard.
June se présentait à la porte de ma chambre, de son air éternellement sérieux, tous les matins depuis ce foutu accident. Généralement, elle m'apportait un petit déjeuner hautement calorique ,sachant que je ne pouvais avaler les trucs infectes qu'on me servait. Elle veillait au grain à ce que je ne manque de rien, quitte à passer toute une nuit sur une chaise très peu confortable rien que pour voir si je me portais mieux. Pourtant,ce matin-là , j'étais d'humeur particulièrement maussade. « Je t'ai apporté un bagel oeuf-bacon et un petit café» Je regardai ailleurs, vers la fenêtre « J'ai pas faim» Elle s'avança vers moi, et déposa l'alléchant menu sur une table à roulette , qui me servait aussi de plateau-repas, à cause de mon invalidité. Elle me souriait, sincèrement et je me contentai de la dévisageai sauvagement.« Tu ne peux refuser un bagel bacon, c'est un acte impensable» disait-elle en rigolant légèrement. « J'ai pas faim» répétais-je avec plus de fermeté cette fois. Elle posa une main sur la hanche et se mordit les lèvres férocement « Tu dois manger pour aller mieux ensuite, Lukà» je fis valser la table à roulette, jetant tout par terre du même coup. J'étais devenu rouge, subitement, sans crier gare « Je n'irai pas mieux bordel! Arrête de croire que tout va bien c'est faux!»Jude cligna des yeux, stupéfaite et recula de quelques pas, choquée Mais je continuai, déterminé à lui faire comprendre mes états d'âme, sans vraiment faire attention à mes propos « Rien ne sera comme avant putain, je n'irai pas mieux. Je ne marcherai plus, plus jamais...» avais-je hurlé, ma mâchoire complètement crispée sous le poids de la colère. « Allez dégage Jude, va-t-en, avant que je ne dise des choses qui risquent de te blesser bien plus qu'il n'en faut» Jude ne se fit pas prier et elle partit tout aussi rapidement qu'elle était arrivée... Me laissant à nouveau seul avec mes démons, me laissant seul dans ma culpabilité, mon désespoir.

Six mois s'est passés depuis le jour où ma vie était devenue une merde pas possible. Bien que la réadaptation physique fut pénible à endurer, jour après jour, j'avais fais d'énormes progrès. Et je pouvais me vanter d'être capable de me déplacer seul grâce à la portée de mes bras, et à ma chaise roulante. J'étais devenu un invalide, un handicapé. Je dus changer d'appartement. Je dus le troquer pour un qui possédait un ascenseur et des commodités pour les personnes à mobilité réduite. Et je suis devenu exécrable , avec tous, portant lourdement le poids de mes actes inconscients sur mes frêles épaules. Cloitré dans une chaise, sans pouvoir sentir le sol sous le poids de mes pas, j'étais condamné à la tristesse, la peine, la honte.