* Le 28 Octobre 1991.


Cela aurait dû être une belle nuit. Une magnifique nuit. Le ciel, ce soir là, était si dégagé que l'on pouvait admirer les étoiles. Et, la lune. Si ronde. Si blanche. Qu'elle semblait veiller sur le monde. Observant l'agneau et l'orphelin de toute sa grandeur. C'est ce qu'aurait sans aucun doute pensé Ellie Lewis, si elle avait pu s'allonger dans l'herbe fraiche, comme elle en avait l'habitude. Mais cette fois là, c'est entre les murs d'une clinique qu'elle demeurait. Les mains crispées sur son ventre endoloris, elle épuisait l'énergie de son corps, pour délivrer un petit être. A plusieurs reprises, elle lançait des coups d'œils à l'homme qui près d'elle, lui caressait le front. Impatient, Adam Lewis retenait son souffle chaque fois que son épouse s'égosillait dans un long râle. Il avait déjà tout prévu. Une vie pleine de douceur, d'amour pour sa femme et son enfant. Mais, à l'instant même où le bambin posa ses yeux sur le monde extérieur, il comprit... Rien ne serait comme il se l'était imaginé depuis neuf mois. Pourquoi me direz-vous? Il lui avait simplement suffit de croiser le regard de sa moitié. Oui, il n'avait pas eu de difficulté à l'apercevoir, cet œil presque dégouté qu'elle portait envers le nouveau née. Il n'était pas dupe. Elle n'avait jamais souhaité cet enfant. Il avait pourtant osé s'imaginer qu'elle prendrait goût au rôle de mère. Mais, visiblement... L'affaire n'était pas encore gagné. Ainsi, serrant pour la première fois sa fille au creux de ses bras, il se fit une promesse. Une seule et unique promesse. Celle de la protéger. De l'aimer. Quoi qu'il advienne. Et ce, jusqu'à la fin...



* Le 12 Novembre 2007.


Je ne ressentais plus rien. Ni mes bras, ni mes jambes. Même mon cœur semblait battre en sourdine dans ma poitrine. Je n'éprouvais que la fine brise dans mes cheveux, la pluie sur mon visage. Déambulant entre les allées de pierres tombales, le cortège funèbre me rappelait une armée de fantômes. Errant sans but, telle des ombres. Un peu en retrait vers la gauche, je n'osais relever la tête. Je craignais d'admettre la réalité, de l'accepter. Et, je savais qu'elle serait aussi violente qu'une gifle. Je ne me sentais pas la capacité de la supporter. Ainsi, je dissimulais davantage mon nez derrière mon fouloir noir. J'aurais aimé m'y perdre. Aucune voix n'osaient rompre le silence presque religieux qui s'était installé depuis le début de cette marche. Seul le bruit de nos pas démontraient qu'il y régnait encore un brin de vie. Cependant, moi je n'étais déjà plus de ce monde. J'avais quitté la terre ferme. Mon âme était enfermée. Confinée dans cette boite en bois, qui me séparait de mon père. Une tumeur. Au cerveau. Vicieux petite crabe qui, s'était installé derrière ses yeux. Qui, lentement avait tissé sa toile, pour ne plus lui laisser une seule seconde de répit. Inopérable. Condamné. Et aujourd'hui... Eh bien aujourd'hui, j'étais seule. Irrémédiablement seule. Bien sur, il me restait cette femme. Cette femme qui n'était autre que ma mère. Bien qu'elle n'était pour moi qu'une simple tutrice. Jamais elle ne m'avait montré une quelconque marque d'amour. Dans un sens, pourquoi elle le ferait? J'avais bien compris, que je n'étais pour elle qu'une horrible erreur. Heureusement, que mon père avait été présent. Lui seul me comprenait. Lui seul m'aimait... Je pris une profonde inspiration, tandis que les larmes noyaient doucement mes yeux. Puis, m'agrippant le bras d'un geste sec, Ellie m'attira vers elle. M'obligeant de cette façon à ne pas m'éloigner, des autres. Elle m'adressa un regard plus ou moins menaçant, avant de s'avancer vers la tombe fraichement creusée. J'eus une seconde hésitation. Je ne voulais pas assister à sa mise en terre. Je ne voulais pas l'admettre. Et, encore moins le laisser partir. Alors, sans ignorer la voix monocorde du prêtre, je levais les yeux vers le ciel grisâtre. Au loin, une feuille rousse vacilla jusqu'à délaisser la branche qui la portait. Elle aussi, elle nous quittait. Baissant fébrilement le menton vers le cercueil à présent déposé au tréfonds de la terre, j'y laissais tomber la rose blanche qui ne m'avait pas quitté depuis le début de la cérémonie.
« Bon voyage... »

Toute ma vie durant j'ai éspérer que de là où était mon père il serait ravie de voir la jeune femme que j'étais devenue . Il me manque ... Mais en revanche il ne manque pas à Ellie , ma mère . Elle l'a oublié et s'est remarié ... A peine posais-je un pied dans cette ville que je pris en compte que je faisais une sorte de renaissance . J'allais forcément passé de belles journées ici . BRISBANE prépare toi ...