back to black feat. r&r

Rose, habillée d'un jean gris usé Diesel, d'un t-shirt blanc simpliste et de converses de travail, avec une casquette McDonalds et le tablier assorti, prenait la dernière commande de la soirée. Il n'était pas loin de 23h00, l'heure à laquelle le restaurant fermait. L'équipière était pressée de quitter cet endroit qu'elle ne pouvait déjà plus supporter. Travailler dans un fast-food était assez ironique comme situation pour une victime de crises d'anorexie, n'est-ce pas ? L'odeur permanente et lourde de la friteuse, des burgers et autres nourritures la dégoûtaient et lui donnait une envie difficilement gérable de régurgiter. Il parait alors normal que lorsque la commande fut passée, elle se hâta de la remplir et de donner au client, homme de la trentaine, brun et obèse, son grand menu, sa glace et son café. La blonde se dirigea de suite vers la salle soit-disant technique, où elle posa son uniforme dans un casier, ainsi que ses converses et ses chaussettes, pour y récupérer ses boots noires, son sac et son blouson cuir de la même couleur. Elle salua toute l'équipe et quitta le bâtiment avec un signe de main. Air pur, enfin ! Elle avait toujours le réflexe de prendre au minimum trois profondes et longues respirations en quittant son travail, ce qu'elle fit. Puis, allumant sa troisième cigarette de la journée, elle commença à marcher. Rose ne voulait pas rentrer tout de suite, ne voulant pas retrouver son appartement vide, comme tous les soirs de semaine, lorsqu'elle rentrait d'une journée de travail. Ainsi, elle entreprit de faire un petit tour de la ville. Ce qui voulait souvent dire également un petit tour des bars. Au bout de deux tequilas, trois monacos, deux redbulls et un redbull vodka, dans une dizaine de pubs différents, elle décida d'aller jusqu'à la plage. La blonde marchait normalement, pas trop vite, pas trop lentement, elle flottait sur le bitume et déhanchait chacun de ses pas d'une manière tout à fait nonchalante, légère et très urbaine. Sexy jusqu'au bout des ongles, à sa façon, ce qui n'empêchait pas les quelques alcooliques et autres fêtards trainant dans ses rues de la regarder sans retenue. Mais elle savait ignorer ce genre de voyeur et faire en sorte qu'ils n'existent pas. Une qualité qui se forgeait avec l'expérience.

Une fois arrivée sur le sable de la plage, elle éteignit sa huitième sèche. Le rythme de ses pas ralentit, et le bruit aussi, comme si l'océan engloutissait avec appétit chacun des sons présents pour mieux faire rugir ses vagues et son vent salé. La blonde se déchaussa alors et échangea dans son sac ses boots contre son i-Pod. Fut alors lancé Back to Black, d'Amy Whinehouse. Non pas qu'elle ressentait les paroles, mais la musique et la voix blues correspondait tout à fait à cette ambiance nocturne. Rose avançait vers l'eau, remontant les ourlets de son pantalon, elle trempa ses pieds jusqu'aux chevilles, soulagée. C'était que ses talons qui lui ajoutaient une dizaine de centimètres lui faisaient un peu mal aux pieds, à force. La fraîcheur traversa son corps, électrisant chacun de ses nerfs et provoquant un frisson terriblement grisant, tandis que les gouttes perlaient sur son vernis à ongle bordeaux. La belle se dirigea, clope à la main vers la crique la plus belle de toutes les plages qu'avaient vu ses deux pupilles bleues. Pas difficile, étant donné qu'elle n'avait jamais quitté l'Australie, et très rarement Brisbane. À pas de loup, elle s'approchait des grands rochers sombres, cet endroit était bizarrement moins éclairé que le reste de la plage par la blanche lune. Les vagues s'écrasaient lamentablement sur les rochers, les quelques arbres chuchotaient. Mais, jusqu'à nouvel ordre, Rose savait très bien que les arbres ne chuchotaient pas, mais alors, d'où venaient ces paroles qui ressemblaient à de l'anglais ? Deux hommes se tenaient l'un en face de l'autre, la blonde, cachée, quitta les Rolling Stones pour mieux entendre la conversation. « ... une ounce et demie, comme on avait dit. » disait une voix tremblante de manque. Cette voix pourtant basse, Rose la reconnaissait, c'était Raphaël. Elle retint une sorte de colère, pour ne pas qu'on l'entende. La belle attendit patiemment la fin de la négociation et le départ du dealer. Sa planque se libéra alors, elle se pointa à moins d'un mètre de son ami. Il releva lentement la tête en planquant son sachet empli de poudre planche dans la poche de sa veste. Elle était sûrement l'une des dernières personnes qu'il imaginait là, c'était d'ailleurs normal. Mais il n'allait pas lui échapper ainsi.

- Rose. C'est pas ce que tu crois.


Elle n'eut même pas le temps de dire quoi que ce soit. Cette panique soudaine et ce mensonge énorme la fit presque rire. Ça n'était pas la première fois qu'il lui disait cette phrase et pourtant, il mentait à chaque fois. Bien sûr que c'était ce à quoi elle pensait ! Rose commençait à connaître son ami par cœur, du moins à ce niveau-là. Alors l'espace d'un instant, un sourire en coin s'afficha sur son visage, pour laisser place à la seconde suivante à une figure froide de mécontentement. Il ne fallait pas qu'elle s'affaiblisse devant lui lorsqu'il faisait des erreurs. Il fallait qu'elle soit dure, tout en étant douce et attentive. Elle ignorait si Raphaël savait quelle somme d'efforts elle devait faire pour lui. Mais elle s'en fichait, car le plus important pour la blonde, c'est qu'il aille mieux. Cette capacité à paraître presque invincible dans les yeux du brun devait lui montrer l'exemple, le chemin de la reconstitution et la scène qui emmena l'exemple à l'hôpital n'arrangeait guère les choses. Peu importe, elle alluma une cigarette et en proposa machinalement une à Raphaël, qui accepta. Elle fit un signe de la main qu'il comprit immédiatement : il lui confia son précieux sachet de poudre. Elle sortit son briquet pour allumer sa sèche et celle de son ami, après avoir pris en détention le conteneur.


- Ce n'est pas ce que je crois. Et la poudre là-dedans c'est du sucre ?


Elle le regarda dans le blanc des yeux, avec le maximum de sévérité dont elle pouvait être capable. La coach commença donc à ouvrir tout doucement le sachet, sous le regard effrayé de son compagnon, en manque. Rose se dirigea alors vers l'eau. Elle tendit de bras, de façon à ce que le sachet n'ait l'air que d'un condamné à la planche.


- Si ce n'est que du sucre, alors je peux le jeter dans l'océan.


Raphaël paniqua doublement, tandis que la petite blonde à quelques mètres de lui respirait le calme, la paix. Elle combattait en fait une colère douce, une envie forte de l'assassiner ou de lui boucher les narines pour qu'il arrête enfin de se tuer. Alors elle se calmait en fumant, chose qu'elle faisait souvent. Le pauvre était immobile, comme choqué, mais tremblait fortement. Rose n'avait pas pitié, elle n'aurait jamais pitié d'un ami, même s'il avait l'air plus que pitoyable. Dans ces moments-là, elle avait seulement envie de l'enlacer tendrement et de lui dire que tout ira mieux, seulement il ne guérirait pas de cette façon.
Rose, la petite et malade Rose ne pouvait pas faire grand chose pour lui, en partie parce qu'elle ne pouvait rien pour elle-même non plus, mais elle avait la volonté d'essayer. Certes, cela ne suffirait sûrement jamais, mais c'était bien meilleur que de le regarder sombrer dans une dépression addictive, dans un destin funèbre. Elle ne connaissait guère la sensation physique ou psychologique du manque de cocaïne, elle n'avait vécu que le manque de nicotine. Ce qui était relativement stressant, mais sûrement pas autant que l'addiction à la drogue. Pourtant, la cocaïne, la marijuana, la LSD et les champignons, tout cela elle y avait goûté, maintes fois même à l'exception de l'héroïne (par rapport à une promesse qu'elle avait faite à son frère adoré). Sans jamais tomber dedans, par une protection qui coulait dans ses veines, aux vues de ses frères et sœurs. Alors elle ne faisait qu'imaginer. Mais ce qu'elle connaissait bien en revanche, c'était la dépression sévère et subite. La soudaine envie de tout lâcher, de tomber en chute libre, de sombrer dans le noir absolu. C'était bien différent, la dépression pour chacun de ces deux points de vues. Ils ne voyaient sûrement pas ça de la même façon et surtout ne tombaient pas dedans pour les mêmes raisons. Mais c'était peu important, elle savait, point. Alors à force de penser à tout ça, elle termina sa cigarette.


- Je veux entendre la vérité de ta bouche, dit-elle en éteignant sa Marlboro. et je te rendrais peut-être ton sachet.

© Alwinder - Misery Angel - Misery Angel


« Longing for the sun you will come to the island without name.
Longing for the sun be welcome on the island many miles away from home. Be welcome on the island without name.
Longing for the sun you will come to the island many miles away from home »

Quel idiot ! Comme d'habitude, il n'avait rien trouvé de mieux à dire que cette phrase. “Ce n'est pas ce que tu crois”. La prenait-il pour une idiote ? Raphaël tenta de ne pas croiser le regard de sa jeune amie. Pourtant, il ne pu ne pas voir le sourire en coin qu'elle afficha pendant quelques secondes. Évidemment, elle du être amusée par cette réponse qu'il lui donnait toujours. Ou presque. Mais son visage changea, pour adopter une expression qui traduisait un profond mécontentement. Rose sortit une cigarette de sa poche et en proposa instinctivement une à Raphaël qui ne se fit pas prier pour accepter. Cependant, il ne s'attendait pas à ce qu'elle lui fasse un signe lui demandant de lui tendre ce qu'il venait d'acquérir. Enfin si, il savait qu'elle allait chercher à lui prendre, mais surement pas aussi directement.

« Ce n'est pas ce que je crois. Et la poudre là-dedans c'est du sucre ? » dit-elle avec beaucoup d'autorité tout en obligeant Raphaël à le regarder. Cette fille l'étonnait toujours. Depuis qu'il la connaissait, elle lui en avait fait voir de toutes les couleurs. Et la once d'ironie qu'elle avait dans la voix n'était qu'une pâle illusion pour bien lui montrer qu'elle avait la situation bien en main. Puis elle commença à ouvrir le sachet. Les yeux de Raphaël s'écarquillèrent, il entrouvrit la bouche pour prononcer quelque chose mais il ne su vraiment que dire. “Arrête” ? Elle ne l'aurait pas écouté. “Rose, rends le moi” ? Elle ne l'aurait même pas entendu. Alors à quoi bon. Il l'avait pris -sans vraiment le vouloir- pour une idiote en répondant que tout ceci n'était rien de ce qu'elle imaginait alors qu'elle savait parfaitement qu'elle avait raison. Maintenant, il en payait le prix. Soudain, elle tendit le bras au dessus de l'océan, comme si … comme si … comme si elle voulait le lâcher.

« Si ce n'est que du sucre, alors je peux le jeter dans l'océan. » répondit-elle sur un ton sec, tout en restant calme. Elle l'était beaucoup trop, calme. Du moins, au goût de Raphaël qui lui, commençait à paniquer. Ses mains se mirent à trembler. Son regard se plongea dans les yeux clairs de son amie. Dans ses yeux brillait le début d'un sentiment que l'on appelle la colère. Rose semblait plutôt satisfaite. « Non, Rose s'il te plait, fais pas ça. » rétorqua-t-il de façon bien ridicule. Il savait que prononcer cette phrase, avec une voix tremblante et saccadée était bien pathétique, mais il s'en moquait totalement. Raphaël tenta de se calmer en se concentrant sur la cigarette qu'il avait entre les lèvres. Il ne prononça pas un seul mot pendant de longues minutes qui lui parurent durer des heures et des heures. Une fois sa cigarette terminée, il se tourna légèrement pour s'empêcher d'avoir les yeux rivés sur Rose. En effet, à cet instant là, il ne souhaitait qu'une chose : lui sauter dessus pour récupérer son bien.

« Je veux entendre la vérité de ta bouche, et je te rendrai peut-être ton sachet. » pardon ? Venait-il de bien entendre ce que Rose lui avait dit ? Il se tourna de nouveau face à elle dans un geste d'une lenteur trop calculée pour paraître réelle. Était-elle en train de se moquer de lui ? “Je veux entendre la vérité de ta bouche”. Ces huit mots résonnaient dans l'esprit de Raphaël. Elle voulait qu'il parle. Très bien. Il allait le faire. D'ailleurs, il ne perdit pas le temps pour répondre à la requête de son amie. « Rose, ne me prends pas pour con. Tu sais très bien ce qu'il y a dans ce putain de sachet. Tu veux l'entendre de ma bouche ? Ouais, bin d'accord. Effectivement, ce n'est pas du sucre. Maintenant, si tu pouvais me le rendre, ça m'arrangerai bien. » dit-il en crachant chaque mots, de façon à ce qu'elle comprenne bien qu'il n'était pas là pour parler pendant des heures. Il savait très bien que Rose faisait ça pour lui et non pour son plaisir personnel de le voir trembler sous le coup du manque. Il savait très bien qu'elle n'avait qu'une envie : lui mettre une énorme gifle et lui hurler qu'il fallait qu'il arrête de faire le con. Évidemment. Mais c'était comme trop difficile à faire.

Rose n'avait qu'une envie actuellement. L'abattre de gifles, le frapper, le brûler, le noyer. Faire quelque chose pour qu'enfin il arrête de s'arracher le peu de vie et de bon sens qu'il avait. Elle ne voulait que son bien, tant à lui faire du mal. Parce qu'elle tenait à lui, parce qu'elle était presque blessée et surtout lassée de le voir trembler ainsi, de le voir tomber en cendre, de le voir mourir, tout simplement. La petite blonde n'avait même pas encore passé dix-huit années dans ce monde fou, mais elle avait vu et vécu ce que certaines personnes de deux ou trois fois son âge n'avaient jamais vu ou vécu. La fleur couleur soleil n'avait eu que l'intention de le faire se rendre compte de la situation en lui disant ces mots, elle n'avait même pas une seule seconde pensé à le prendre pour un idiot. Même si lui l'avait fait en lui crachant son poison de mensonge avant même qu'elle ne puisse parler. Un manque de respect en vaut un autre.
La jeune femme brûlait de l'intérieur. Elle entrait dans une colère terrible et si ces images étaient retransmises dans des émissions de dessins animés pour enfant, de la fumée grisâtre serait sortie de ses oreilles et peut-être même de ses narines. Seulement, le contenu de ce sachet que Rose avait envie de détruire était censuré pour les morveux. Ainsi, elle se retint, alluma une cigarette et l'écouta. « Non, Rose s'il te plait, fais pas ça. » Était-il sérieusement en train de tomber dans la supplication pour un sachet de cocaïne ? Rose hésitait entre fondre en larmes de colère et sortir un lance-flammes imaginaire pour allumer son ami. Le choix était un peu fait d'avance en fait, c'est la troisième solution qui ne fut pas transcrite qu'elle choisit alors. Elle tourna les yeux vers la mer en fronçant amèrement des sourcils. Il l'avait déçu, ce n'était pas la première fois, mais en revanche c'était la fois où ça l'atteignit le plus. La jeune femme ne voulait avoir pitié que de ses ennemis. Ses yeux se mirent -soudainement réhydratés- à briller anormalement au reflet de la lune et elle décida de les recouvrir de ses paupières noircies. Elle tira longtemps sur sa cigarette, peut-être un peu trop longtemps et s'assit, au bord de l'eau. Elle avait vécu cette dépression, cette sensation de profond désespoir, elle savait et elle ne voulait pas que cela arrive à quelqu'un à qui elle tenait. Le sachet était toujours dans sa main gauche, la belle ne comptait pas le rendre de si tôt. Sa hargne revint à la charge et elle prononça alors ces paroles. Elle éteignit sa sèche.


- Rose, ne me prends pas pour con. Tu sais très bien ce qu'il y a dans ce putain de sachet. Tu veux l'entendre de ma bouche ? Ouais, bin d'accord. Effectivement, ce n'est pas du sucre. Maintenant, si tu pouvais me le rendre, ça m'arrangerait bien.


Elle ferma une nouvelle fois les yeux et avala difficilement sa salive. Heureusement qu'elle avait précédemment éteint sa clope, sinon elle se serait brûlée à force de serrer les poings. Une fois qu'elle ouvrit ses paupières pour laisser apparaître ses yeux emplis de colère, elle laissa une larme parcourir sa joue. Une larme, une seule et la tempête éclata. Raphaël aurait pu avoir la brillante idée fuir (ou de simplement s'excuser) en voyant ce regard s'il avait été assez rapide ou s'il l'avait connu comme son frère la connaissait. Seulement ça n'était pas le cas, alors elle le poussa, avec une violence énorme, mais sous les forces assez piètres de la blonde, le junkie ne fit que reculer d'un pas.


- Mais bordel, quand est-ce que tu vas enfin comprendre que je ne te prends pas pour un con ?! Tu sais, mais merde tu sais ! cria-t-elle, envahie par l'émotion. Tu sais que j'ai promis, tu sais que je tiens à toi, tu sais que tu fais le con. se calma-t-elle ensuite, ayant cependant des difficultés étranges à respirer. Tiens, ton putain de sachet. lança-t-elle alors, la voix brisée.


Elle ramassa son sac et se retourna en commençant à partir, pour mieux mordre la poussière sanguine de cette puissante défaite. Sa larme était séchée, mais sa colère et sa tristesse n'étaient pas de même.

fox.	Sweet dreams are made of this. Who am I to disagree ? ♠

Elle s'envolait, flottait lourdement sur le sable humide, dans une vague mélancolie, nageant dans la glaçante flamme des enfers, tout doucement. La fleur enfilait ses écouteurs, pour quitter ce monde au moins à moitié, la colère l'envahissant comme une longue infection. Elle avait froid, elle tremblait sous la sadique fraîcheur de la haine qu'elle ressentait, qui la rongeait. Et elle se demandait ce qu'elle faisait. Elle se demandait le pourquoi de cette scène, de cette rage, de cette tristesse. Rose n'abandonnerait pas, elle avait promis. Cependant elle était tentée de laisser ce poison finir son cher ami. Si seulement il suffisait d'aspirer la plaie pour en sortir le noir venin, tout aurait été tellement plus simple, tellement moins tortueux et torturant. Ça n'était absolument pas le cas et le poids de cette responsabilité écrasait les épaules et toute l'ossature de la pauvre blonde.
Et voilà qu'elle s'en allait, attendant naïvement que son ami la rattrape. Peut-être l'avait-elle blessé, peut-être pensait-il qu'elle ne tiendrait plus sa promesse après ceci ? Non, il n'en était aucunement question, jamais. Rose était toujours là-dessus, mais voilà. Le fait est qu'elle avait été touchée. C'était peut-être une chose qui l'aiderait à mieux se pencher sur ce problème, ou pas. Elle perdait peu à peu espoir quant à cette guérison qui demandait en fait du miracle. C'est pourquoi elle accéléra le pas lorsqu'elle fut arrivée à la mi-chemin de la sortie. Elle perdait l'espoir, cette petite étoile dans la voie lactée qui composait son monde mourrait petit à petit. « Quand il y a de la vie, il y a de l'espoir. » Qui était le sombre idiot qui avait un jour prononcé cette phrase ? Rose aurait tout simplement voulu le massacrer, à cette heure car cela voulait dire que son ami Raphaël était déjà mort. Non, elle refuserait de l'admettre tant qu'elle ne l'aurait pas vu brûler, vraisemblablement. Réfléchissant, elle ralentissait à nouveau le pas, à croire que sa blondeur l'empêchait de marcher rapidement et de cogiter en même temps. Elle devait ranimer l'astre qui faisait qu'elle croyait en Raphaël, en sa guérison. Il n'était pas encore totalement infecté par cette drogue infernale, du moins pas jusqu'à la moelle, pas jusqu'au cœur.
Il ne suffisait pas d'y croire, il fallait bien plus que ça, mais c'était la base : sans ça, on ne pouvait rien.
Regagner une confiance perdue n'était pas facile, mais il fallait qu'ils fassent un effort, tous les deux. Et en la rattrapant, il avait fait sa part du marché. C'était certes peu, mais c'était suffisant aux océaniques yeux chétifs de la blonde. Il lui prit le bras, la retournant. Il devait s'attendre un regard plein de lances, de piques et peut-être même d'armes à feu. Mais Rose était du genre imprévisible. Raphaël aurait pu lire dans ses yeux qu'elle l'avait déjà pardonné, si seulement il les avait regardés. Elle l'observait s'excuser calmement, jouissant silencieusement des regrets de l'homme.


- Je suis désolé Rose. Je voulais pas te vexer. Mais … enfin … tu sais comment je suis, je me suis un peu trop emporté.


Un sourire des plus discrets apparu sur son visage et elle le prit dans ses bras. Oui, oui, Elle le prenait dans ses bras, malgré les quelques dix centimètres qui la rendaient plus petite que lui. De sa main, elle obligea la tête brune de son ami à trouver logement entre son cou et son épaule gauche, se perchant sur ses demi-pointes de pieds. Elle savait un peu qu'il n'aurait pas accepté et qu'il se serait défendu si celle-ci avait été quelqu'un d'autre, ou s'il avait été dans une autre situation. Mais il lui devait bien ça. Rose était très tactile, c'était parfois plus fort qu'elle. La blonde caressait ses cheveux bruns, presque maternellement, comme pour le rassurer, sauf que c'était elle, qu'elle rassurait.


- Tu es pardonné.

Musique
What else should I be?
All apologies.
What else could I say?
Everyone is gay.
What else could I write?
I don't have the right.
What else should I be?
All Apologies.


© Mem0rial_FoX - ♦Pepperpot - LONELY_ANGEL

Il la voyait, s'éloigner, quitter cette plage sur laquelle elle ne semblait plus avoir sa place en cet instant. Il l'apercevait, s'envoler rapidement vers d'autres directions, vers d'autres horizons. Ses longs cheveux blonds trainant derrière elle, elle marchait, l'esprit surement plein de colère. Raphaël l'avait déçu. Et il le savait très bien. Il avait parfaitement vu le regard qu'elle lui avait adressé avant de partir, l'émotion qui émanait de tout son corps. Il avait entendu, sa voix, brisée. Mais comme un imbécile, il avait mis trop de temps à réagir. Alors il avait couru, derrière elle, pour tenter de la rattraper, ou du moins, de s'en approcher.

Après s'être enfin approché de Rose, il s'était avancé pour se retrouver devant elle, lui barrant ainsi le passage. « Je suis désolé » avait-il réussi à lui dire. Avec beaucoup d'aisance, il fallait l'avouer. Ce fait le surpris d'ailleurs lui-même. Lui, Raphaël Cole Anderson, qui était habituellement quelqu'un pour qui s'excuser était difficile. Mais Rose était une amie. Quelqu'un à qui il tenait tout particulièrement. Elle devait lui accorder son pardon. Et pour se faire, il devait être sincère.

D'ailleurs, la jeune femme paru s'en apercevoir. En effet, un léger sourire se dessina sur son visage. Discrètement, certes. Mais il était bien présent, cet éclat. Soudain, elle s'approcha de lui, puis le pris dans ses bras. N'étant pas particulièrement friand de ce genre d'approches amicales dans une situation dans laquelle un tel geste n'avait pas sa place, il se crispa légèrement, mais ne dit pourtant rien. Le jeune homme ne daigna même pas râler lorsqu'elle l'obligea à déposer sa tête entre son cou et son épaule.

« Tu es pardonné » prononça-t-elle sur un ton, qui malgré sa douceur, ressemblait étrangement à une sentence. Une annonce positive, évidemment. Mais une annonce qui était la réponse qu'il n'était pas totalement certain d'entendre de la bouche de son amie. Il releva la tête, et se recula machinalement, échappant ainsi à l'étreinte imposée par Rose. « Merci. » murmura-t-il, dans un souffle.

Un long silence s'installa entre les deux jeunes gens. Un silence qui se voulait être apaisant, mais qui ne l'était absolument pas. Bien au contraire. Le manque de paroles devenait pesant. Presque blessant. Du moins pour Raphaël. Jugeant que cette tranquillité était maintenant trop pesante, il prit la parole. « Tu allais quelque part ? » demanda-t-il. « Enfin, je veux dire, ça fait longtemps qu'on a pas passé une soirée ensemble, en toute amitié. » dit-il en souriant.

HJ : Désolée, c'est minable xD Et désolée pour le retard

« Even if you have... Even if you need... I don't mean to stare. We don't have to breed.
We can plant a house, we can build a tree.I don't even care. "We could have all three." »

© Misery Angel - Misery Angel - Misery Angel

Sachant qu'il lui devait bien ça, Raphaël ne s'était pas reculé lorsqu'elle avait tenté de le prendre quelques instants dans ses bras. Perdre une amie aussi fidèle que Rose n'était pas quelque chose de conseillé. En effet, il savait pertinemment que la jeune femme ne voulait que son bien. D'ailleurs, il la remerciait. Sans vraiment le lui dire, car son égo quelque peu sur-dimensionné le prenait souvent de court. Mais il était persuadé qu'elle savait très bien, qu'il le faisait. Intérieurement.

Le silence s'installa rapidement entre les deux jeunes gens. Pesant, il l'était. Lourd, aussi. Mais étrangement, il se trouvait être paisible. Reposant peut-être. Parce qu'il tentait de faire oublier le précédent évènement. Quel imbécile il avait été. S'énerver, alors qu'il savait très bien qu'il était en tord et qu'il n'avait aucun arguments jouant en sa faveur. Écoutant de la musique en même temps, Rose ne devait pas le ressentir de la même façon.

Étrangement, la jolie blonde ne paru pas surprise lorsque son ami prit de nouveau la parole -ce qui était peu habituel, étant donné que ce dernier était plutôt du genre à ne pas trop parler-. Il lui demanda si elle avait l'intention d'aller quelque part. Puis, se sentit obligé de rajouter qu'ils pourraient passer une soirée ensemble, en tant qu'amis. Après tout, il avait parfaitement raison : voilà bien longtemps qu'ils ne s'étaient pas réellement vus. Rose ne répondit pas tout de suite, mais le sourire qui se dessina rapidement sur ses lèvres fit comprendre à son interlocuteur qu'elle était plutôt partante. Puis, elle laissa échapper un rire, quelque peu … fourbe, malin voir rusé avant de daigner répondre.

« Alors mon chou, où c'est qu'on va ? » demanda-t-elle en utilisant un accent étrange, ce qui eut le don de faire sourire Raphaël. Soudain, Rose tendit un écouteur au jeune homme, qui l'accepta sans se faire prier.« Honneur aux femmes. » répondit-il en lui adressant un sourire complice. « Dis moi où on va, je te suis. » continua-t-il en commençant à marcher, bras dessus, bras dessous, avec Rose, d'une façon théâtrale, tels deux gamins qui se connaissaient depuis toujours.