« Deamon, il est temps que tu y ailles. Prends ton frère avec, vous rapporterez beaucoup plus à deux. » Voilà comment débutais ma journée alors que je n'avais que huit ans. Ce que mon frère et moi devions rapportés étaient de l'argent. J'ai vécu dans un genre de squatte avec que des femmes et mon frère. Il y avait celle qu'on devait respecter le plus, ma grand-mère. Puis ses deux filles, ma mère et ma tante. Enfin, il y avait nous, mon frère, ma cousine et moi. Nous étions pauvres, oui c'est vrai, et donc pour survivre, nous n'avions pas d'autres choix que de faire la manche. Ma mère préférait envoyer ses enfants, car elle disait toujours à ma grand-mère. « Tout le monde aime les enfants, ils auront donc pitié d'eux, contrairement à nous » Mais, elle n'avait pas forcément raison. Moi, on me méprisait, d'ailleurs, à chaque fois que je sortais dehors, on me maltraitait ou m'insultait. De plus, il fallait toujours que j'évite les petits gosses de riches, qui eux, n'hésitaient pas à me cracher dessus, ou à me voler mes pièces et courir beaucoup plus que moi. Je pense que ces moments-là de mon enfance sont accorchés à ma mémoire et que je ne pourrais jamais m'en défaire. C'était la première fois que mon frère allait faire la manche. Je n'étais pas d'accord au début. Chaque jour, cela me détruisait et je ne voulais pas que le fait de demander une pièce à un passant est le même effet sur mon frère. Je l'ai toujours protégé mon petit frère, j'en avais fait la promesse à ma mère. Vous comprendrez très vite pourquoi.

Mais, il y a eu pire que mon enfance. Ce fut mon adolescence et mon entrée au collège fut le pire souvenir de ma vie. Au moment où l'apparence est importante, moi j'arrivais souvent avec un pantalon ou un maillot troué, avec mon sac que je trainais depuis la primaire. Personne ne m'aimait, j'étais souvent seul. Je ne pouvais compter que sur une seule personne, mon meilleur ami. Lui, il s'en foutait réellement des apparences. Beaucoup de personnes lui demandait pourquoi il restait avec moi. Je me rappelerai toujours de ce qu'ils leur répondait. « En dessous de ces vêtements troués et tout crades, il y a Blythe, mon meilleur ami » Ce n'est pas beau ça comme réponse. J'avais beau l'entendre cette phrase, j'avais les larmes aux yeux chaque fois qu'il la prononçait. Concernant les filles, mon meilleur ami était un tombeur. Moi, j'étais toujours seul. Personne ne voulait d'un garçon qui ne pouvait se laver que quand il allait à la piscine avec l'école. Pourtant, maman commençait à avoir de l'argent. Elle avait trouvé un petit boulot de femme de ménage et se défonçait donc au boulot pour qu'on puisse enfin prendre la revanche sur cette vie pourri que mon paternel nous avait offert. C'est vrai, je ne vous ai pas parlé de lui.

Maman l'avait rencontré un an avant ma naissance. Ils s'aimaient vraiment et tout allait bien niveau argent. Ils avaient une maison et même un chien. Ma mère m'avait tout raconté. Puis, je suis né, le 30 août. Mes parents étaient tout simplement heureux. Ils m'ont élevé avec énormément d'amour, avant que mon frère fasse son apparition deux ans plus tard. C'est à ce moment-là que tout finissa. Mon père avait profitait d'une après-midi où nous étions tous à la maternité pour repartir chez nous. Pourtant, ce jour était celui où ma mère et mon petite frère rentrait enfin à la maison. C'était mamie qui était venue nous cherchait et qui nous avait déposé à la maison. Une fois rentrés, nous n'avions pas retrouvés mon père, tout comme ses affaires et tout l'argent que notre famille contenait sur un compte. Il était parti comme un voleur en nous prenant tout, même notre amour et notre dignité. Nous n'avions plus rien et c'est à partir de là que notre famille s'est effondré. « Papa est parti, mon chéri. Mais, nous devons prendre soin de ton frère. Promets-moi que toi, tu prendras toujours soin d'elle » Je n'avais que deux ans mais rien qu'avec cette phrase, prononcé par ma mère, j'avais compris que ma vie changerait du tout au tout, et j'avais bien raison.

« Ta vie changera petit. Mais, ce jour-là, ne rate pas l'occasion qui s'offre à toi » Ce fut un homme dans la rue qui prononça cette phrase pour moi. J'avais quinze ans et je rentrais juste de l'école. Je ne le connaissais même pas, mais il m'avait parlé, il avait juste prononçait cette phrase puis s'en était allé. En rentrant chez moi, je me suis dirigé directement dans ma chambre, enfin ce qui me servait de chambre dans ce squatte. C'est-à-dire un matelas par terre près des toilettes fabriqué par moi-même. Je n'avais pas mangé. J'étais tellement absorbé par cet homme et cette confidence. Je n'ai pas dormi de la nuit, préférant réfléchir à ce qu'il m'avait dit. Ce fut deux ans plus tard, à mes dix-sept ans, que je compris ce qu'il voulait dire. Alors que j'allais chercher mon frère à l'école pendant que ma mère travaillait, j'avais vu une affiche postée sur un mur. Elle annonçait un concours de dessin et le premier prix était une bourse pour les futures études de nos choix. J'adorais dessiner, et j'étais pas trop mauvais non plus, alors je n'avais qu'une idée en tête, celle de participer. J'avais donc arracher l'affiche, l'avais plié et mise dans ma poche avant de courir vers l'école de mon frère où j'étais en retard.

Ce fut au bout de trois semaines et après avoir envoyé mon dessin que j'allais enfin connaître le verdict. Tous les participants étaient réunis dans une genre de salle des fêtes de la ville et petit à petit le président du jury annonça les places. Les dix premiers étaient récompensés, et alors qu'il arrivait à la troisième place, mon prénom n'avait toujours pas été prononcé. La troisième place, c'était mort tout comme la deuxième quelques secondes plus tard. Restait plus que la première. Et elle me fut destinée. Ce jour-là, j'avais compris que la roue tournait et que j'allais enfin pouvoir sortir ma famille de cette misérable vie. Quand on me demanda quelles études j'avais prévu, et ayant en tête ma mère souffrant d'un cancer à ce moment-là, je répondis sans réfléchir. « Médecine, je veux faire des études de médecine et sauver maman »

C'est comme ça que je me suis retrouvé en deuxième année de médecine dans une grande université, s'il vous plait. Malheureusement, je n'ai pas pu sauver ma mère. Elle est décédée il y a quelques mois, juste avant noël. Je pense que ce n'est pas le plus beau cadeau que la vie m'est faite. Si seulement, ça serait passé pareillement pour mon père, je serais si heureux. Mon frère et moi nous retrouvions donc orphelins. Bien sûr, il y avait mon paternel, qui depuis la mort de ma mère, essayait de nous reprendre chez lui. Mon frère avait besoin de lui, pas moi. Il est parti pour les vacances d'hiver chez lui, pas moi. Moi, j'ai préféré me morfondre seul en restant pour les vacances. Enfin, j'avais prévu d'être seul, jusqu'à ce qu'elle me remarque et qu'on ne se lâche plus d'une semelle. Je ne vous parle pas de ma petite copine, non, puis ce n'est pas mon genre d'être comme ça, je n'ai pas eu de paternel pour m'apprendre à être un homme parfait, mais je vous parle de Cunégonde, ma meilleure amie. On a passé les vacances, ensemble à deux. Et, bizarrement, jamais nous n'avons couché ensemble, nous étions juste sur la même longueur d'ondes. On évitaient tous les deux de passer les vacances chez notre famille respective, on adoraient boire et faire la fête. Puis, on a aussi écrit des chansons. Cunégonde chantait et moi j'étais le musicien. Je peux vous avouer qu'elle a une très belle voix.

Maintenant que ma mère est décédée, Cuné et mon frère sont les deux seules raisons qui me poussent à continuer à vivre, alors je ne laisserais personne leur faire du mal. De plus, maintenant que nous nous sommes vachement rapprochés Cuné' et moi, il m'arrive de ressentir des choses bizarres. Je me mets souvent en colère quand j'apprends qu'elle passe la nuit dans les bras d'un homme qu'elle ne connait pas, alors que moi je suis pareil avec les filles. J'ai peur de ne plus la revoir en tant qu'amie, et en tant que beaucoup plus aussi ... Je ne sais pas vers où se dirige notre relation mais j'aimerai qu'elle se rende compte des risques qu'elle prend pour sa vie.